Les Andelys
Le 8 juin 2018
Monsieur
le Président,
Chers
Amis,
C’eut
été cette année l’âge de notre école,
Si
une décision aussi sentencieuse que regrettable, n’avait dans l’emportement de
l’année 68, mis fin à son existence par dissolution, comme on punit un régiment.
Notre
dynamique secrétaire, Patrick ROHRBEIN
et notre cher, très cher Trésorier qui compte
beaucoup pour nous, Michel DUFILS, auxquels il faut bien sûr associer quelques
professeurs émérites du collège ROSA PARKS et du lycée JEAN MOULIN, leurs
directeur et proviseur.
***
Se
souvenir, ce n’est pas ringard, comme le proclament sans vergogne quelques
esprits faussement progressistes ;
Ce
n’est pas non plus succomber à une nostalgie maladive (l’incontournable
« c’était mieux avant »), pas
plus que se complaire dans la tristesse,
C’est
laisser venir à nous avec bonheur des images, des moments, des évènements du
passé qui nous réjouissent.
Et
c’est bien dans cet esprit que nous nous sommes rassemblés aujourd’hui et
jusqu’à demain, pour faire maintenant mémoire de notre passage dans cet endroit.
Je
veux dire : La
gare de GAILLON – AUBEVOYE
GAILLON
– AUBEVOYE
Une
dualité historique et pour nous une dualité de circonstances
Celles
d’ici et celles d’en face
Je
commencerai pour mieux l’achever par celles d’en face
A la
fin de la 2ème guerre mondiale, notre école repliée provisoirement à
BEZIERS, à l’ombre des allées Paul Riquet, génial concepteur du Canal du Midi,
retrouve ses pénates et se réinstalle dans ses murs.
La
guerre avait fait ses basses œuvres, plus de pont plus de gare.
Il a
fallu faire du provisoire pour faire en sorte que les élèves de l’EMP puissent
partir en « perm ».
C’est
ainsi que la gare de GAILLON – AUBEVOYE est devenue le symbole des vacances,
des retrouvailles avec nos familles mais aussi, et à l’inverse, du retour à la
compagnie et des retrouvailles avec l’encadrement et le travail scolaire.
Alors,
alors Monsieur PEPY
Vous
auriez pu, vous auriez dû étancher notre soif de reconnaissance, répondre
favorablement à notre souhait, à notre légitime aspiration de laisser une trace
du passage entre 1945 et 1968, deux dates historiques par ailleurs, de plus de
70.000 élèves de l’EMP des Andelys.
C’est
plus que dommage et dommageable !
Vous
auriez de surcroit appris des choses d’importance, à savoir :
Que
nous n’arrivions pas dans votre gare comme des voyageurs ordinaires
Parce
qu’avant de monter dans votre train, à l’époque encore à vapeur mais qui
roulait et osait même arriver à l’heure, nous avions usé de force cirage et
mirror pour nous présenter au guichet dans le plus bel état.
Vous
auriez appris :
Que
nous avions, la veille, perçu notre viatique : 1 ou 2 francs (très
anciens), un sandwich ou deux suivant les km à parcourir, un peu de lait
concentré, quelques morceaux de chocolat, une ou deux pates de fruit, une
orange.
Qu’après
une revue de détail pour s’assurer de la perfection de la tenue, on grimpait,
sourire aux lèves dans les cars et camions que nous avions vu la veille ou tôt
le matin, remonter l’allée centrale.
C’était
donc bien vrai, on allait partir en perm,
Tous
ensemble…
Tous
ensemble ou presque.
Il y
avait toujours un André Goutal pour ramasser un ou deux « pains »
faute d’avoir accepté de marcher à la baguette.
Nous
étions un peu triste pour lui. Mais lui était goguenard – car c’était un
rebelle l’André.
Son
destin révolutionnaire était écrit……..
Il est
devenu commissaire divisionnaire.
Au bout
du compte nous étions d’abord joyeux.
Rien
ne pouvait altérer cette allégresse,
Ni le
mélange du parfum de l’orange précocement épluchée par certains et des effluves
du carburant du GMC, à vous donner la nausée,
Ni
l’annonce faite par les plus grands que le pont provisoire, que nous devions
franchir avant d’arriver à la gare salvatrice, risquait à tout moment de
s’écrouler ; il est vrai que le bruit du passage des roues de nos
véhicules sur les planches disjointes pouvaient effrayer.
En
réalité la joie de partir en vacances effaçait tous ces aléas.
On
s’en allait, Monsieur le Président, vers Saint-Lazare, qui à l’époque, Monsieur
le Président, n’était pas paralysé.
Vous
auriez encore appris :
Qu’on
irait au Cinéac en attendant l’heure de la correspondance, ou flânerait aux
alentours,
Le
béret glissé sous l’épaulette bravant tous les interdits, les plus grands
feraient un détour par le passage de Budapest et s’en vanteraient.
Voilà
Monsieur le Président ce que vous auriez pu apprendre et bien d’autres choses
encore.
Vous
ne l’avez pas voulu alors pourtant que vous clamez qu’avec la SNCF, tout est
possible,
Sauf
de nous accorder cette petite faveur de pouvoir apposer une petite plaque
discrète, mais ô combien symbolique pour nous, même pas sur la façade, mais sur
le mur pignon de cette gare mythique.
Décidément
la SNCF déraille.
Vous
nous avez , sous un prétexte fallacieux, privé du domaine public.
Grâce
à vous, Monsieur Mustafa DOGAN, grâce à vous, qui êtes désormais l’ami des AET,
qui nous avez donné l’hospitalité et le bonheur d’organiser chez vous cette
cérémonie festive et amicale qui nous tenait tant à cœur.
Vous
resterez dans le notre et nous ne vous en remercierons jamais assez.
Chers
Camarades, je vous propose avant que les hautes autorités ne dévoilent cette
plaque « mémorial », d’envoyer à l’adresse de notre hôte… un triple
Hip Hip Hip Hourrah suivi d’une minute d’applaudissements. Je
vous remercie.