10 juin 2018

Allocution de Jacques Massiat devant le Monument aux Morts des AET de l' EMP des Andelys, le 9 juin 2018


              

L’image contient peut-être : herbe, arbre et plein air

Mesdames et Messieurs, chers amis.

Inauguré le 6 juillet 1924, notre monument aux morts témoigne, s'il en était besoin, du courage, du sacrifice et de l'héroïsme dont nos anciens ont fait preuve durant la Première guerre mondiale. Mais comment interpréter le regard de ces jeunes soldats qui se détachent en haut relief ? Comment interpréter leur regard tourné vers nous ?En partance pour le Front et devinant ce qui les attend, veulent-ils nous dire « Ne nous oubliez pas ! » ?

A moins que parcourant la longue liste des noms gravés dans la pierre, s'interrogent-ils «Et les autres ? » ?« Et les autres ? », c'est sur cette dernière interrogation que nous nous sommes lancés à la recherche des oubliés de juillet 1924. Et pour cela nous avons entrepris un long voyage à travers le temps et l'espace.Munis des noms de tous nos anciens présents à l'Ecole entre 1887 et 1918 nous sommes descendus aux Enfers, là où attend cette part de l'humanité victime de la Mort noire, celle de l'Oubli. Affrontant ces lieux humides et glacials, nous avons appelé chaque nom l'un après l'autre, comme autrefois lors de l'appel du soir.De temps à autre, une silhouette s'est levée. Son nom lui étant enfin restitué, elle semblait nous remercier avec comme l'esquisse d'un sourire sur sa face diaphane, et nous avons cru entendre « Présent ».

Revenant de ces longs et épuisants voyages, nos 141 camarades retrouvés, se sont présentés ici même, en rang par trois comme autrefois, sans distinction ni de grade ni d'âge.Un par un ils ont franchi cette stèle en verre, symbole ô combien lumineux de la résistance au temps. Et, comme par magie, le nom de chacun des « oubliés » est apparu, photographié à jamais.Enfin ils se sont retrouvés, les 241 d'hier et les 141 d'aujourd'hui.

Le grand banquet des anciens enfants de troupe, héros de la Grande guerre peut enfin commencer.Autour d'eux les quelques 140 autres anciens élèves, ceux tombés durant la Seconde guerre mondiale, en Corée, en Indochine, en Afrique du Nord et ceux morts en service commandé regardent leurs anciens, avec beaucoup d'émotion et de respect.Et tous de se rappeler cette strophe de la Marche de l'Ecole militaire  préparatoire des Andelys qui proclame, parlant de notre drapeau :
«  Nous le jurons, nous combattrons et nous mourrons pour sa défense ».Notre présence, votre présence ici, aujourd'hui, est le signe que la chaîne de la mémoire n'est pas rompue.Soyons fiers du travail accompli et œuvrons pour que nos anciens ne retombent pas dans l'oubli.
Ils le méritent vraiment.

Jacques Massiat 9 juin 2018.